Dispositif expérimental de mesure de la contamination des cours de récréation en Wallonie

Et si, l’air de rien, les pesticides exposaient nos enfants à un risque pour leur santé ?

L’utilisation des produits phytopharmaceutiques (communément appelés « pesticides ») est une réalité indéniable dans nos campagnes. Avec plus de 5 kg/ha, l’agriculture belge est une des plus grandes consommatrices de pesticides, bien au-dessus de la France, de l’Espagne ou de l’Italie. Les raisons qui poussent nos agriculteurs vers l’intensification seront présentées et discutées, ainsi que les conséquences pour la santé, le milieu (contamination des eaux, des sols mais aussi de l’air) et l’économie (coûts cachés de l’agriculture chimique).

La question d’actualité en Wallonie est la contamination de l’air par les pesticides. Malgré l’évolution de la lutte chimique vers la lutte intégrée (obligatoire aujourd’hui) et les divers plans de réduction (aux niveaux fédéral et régional), malgré l’amélioration des techniques et des pratiques, force est de constater de fréquents conflits entre agriculteurs et riverains qui s’estiment exagérément exposés et craignent légitimement pour  leur santé. Cette préoccupation est particulièrement aigue pour les populations les plus vulnérables, tels les enfants qui fréquentent une école dont la cour de récréation jouxte une culture.

Deux études récentes menées en Wallonie (EXPOPESTEN et PROPULPP) démontrent, non seulement l’omniprésence des pesticides dans l’air ambiant (contaminant les cours de récréation et l’intérieur des écoles), mais aussi que des risques ne sont pas exclus pour les riverains (écoles et particuliers). La législation actuelle, qui ne permet pas encore d’assurer au citoyen une absence de risque, devra être renforcée. La conférence présentera les principaux faits et résultats de ces études et permettra un débat sur les mesures à prendre pour limiter le risque d’exposition.

Bruno SCHIFFERS – Bio

 Ingénieur agronome spécialisé en Protection des Végétaux, Docteur en Sciences Agronomiques, Bruno Schiffers était jusque fin 2018 Professeur et responsable de Laboratoire de Phytopharmacie de Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège, Belgique). Durant presque 40 années de carrière dans la recherche, il a pu aborder presque tous les aspects liés aux pesticides : depuis la formulation et la fabrication (y compris durant deux années en usine) jusqu’à l’emploi de ces produits en Europe et dans les pays du Sud. Ses recherches et ses activités d’expert (auprès de l’AFSCA, du SPF ou du Conseil Supérieur de la Santé) se sont orientées durant les 20 dernières années sur l’évaluation des risques, non seulement pour les opérateurs et les ouvriers agricoles, mais aussi pour  les consommateurs et les riverains menacés par une exposition insidieuse aux résidus de pesticides. Aujourd’hui retraité, il reste formateur et consultant auprès de programmes européens qui font la promotion d’une agriculture durable dans les pays du Sud. Il travaille encore comme expert au Conseil Consultatif de Biosécurité, au COLEACP (Comité de Liaison entre l’UE et les ACP) et  fait partie du C.A. des Iles de Paix.